Comme promis, la dernière visite du nord qui fut sous la pluie! J'ai repris un bus pour aller à environ 1h de Sapporo vers l'Ouest, dans un coin perdu dans les montagnes. La pluie et la brume rendent le paysage encore plus isolé et quasi mystique.
Et ça tombait bien, parce que j'allais visiter le centre de promotion de la culture Ainu. C'est le nom du peuple aborigène qui vivait à Hokkaido, (les premiers sont arrivés environ 1000 ans avant ceux qui allaient devenir le peuple japonais) et qui a subit la colonisation du Japon, étant bien souvent discriminés et souffrant de racisme à leur encontre. D'après ce que j'ai compris de mon petit livret, c'était un peu les esquimaux du Japon :) Ils vivaient de chasse et de pêche, cueillant les fruits sauvages mais ne travaillant pas la terre, faisant des échanges commerciaux avec les tribus ou pays voisins (dont principalement les japonais) et quand les gouvernements successifs décidèrent de moderniser Hokkaido, ils ont été privés contre leur gré de leur culture, de leur langue, de leurs territoires et même de leur savoir-faire. Du jour au lendemain, ils se sont retrouvés avec de tous petits lopins de terre à devoir cultiver et récolter pour le pays qu'ils n'avaient pas choisi. Ce n'est que très tard (vers 1960) que des associations de défense de la culture ont vu le jour pour perpétuer le savoir de ce qui est maintenant réduit à un petit groupe ethnique, mais aujourd'hui, plus personne ne vit comme les anciennes tribus.
J'arrive par l'extérieur, où je tombe sur une pirogue de 15m de long qui voguait sur les océans, et des maisons typiques : une fenêtre principale dans le fond, réservée aux divinités (c'est par là qu'elles pouvaient entrer et sortir), et deux fenêtres sur la droite. Au centre de la pièce un âtre, et des places pour se réunir tout autour. Dans le fond à gauche, près de la fenêtre, le coin pour exposer les trésors qui servait également d'autel. Et dans l'entrée, de quoi entasser les réserves de nourriture et de bois.
Puis le musée en lui-même, qui recueille les vêtements et ustensiles de ce peuple. "Vous pouvez toucher" me dit-on à l'entrée, et je ne m'en prive pas! La fourrure de lapin, c'est vachement plus doux que la fourrure de daim :) Les vêtements m'ont épaté, on voit bien les coutures a la main, qui sont ultra régulières, et forment souvent des motifs qui s'entrelacent, chacun ayant une signification (même si celle-ci pouvait varier un chouilla selon les tribus).
Des sous-vêtements aux mitaines, rien n'est laissé au hasard :) Les grosses fourrures étaient réservées aux hivers rudes, et ils avaient déjà des raquettes. Certains vêtements (de cérémonie si j'ai bien compris) sont même en peau de saumon, avec les écailles et tout et tout! Dans un coin, ce sont des instruments de musique que j'aperçois, ce peuple adorait faire de grandes fêtes et danser (fallait bien s'occuper!) Et puis, les ustensiles de cuisine, et les armes de chasse, ou encore les filets de pêche, de me dire que tous ces objets ont effectivement servis au quotidien il y a de ça plusieurs siècles, ces objets qui sont à la fois encore usités mais en beaucoup plus moderne, c'est un vrai saut dans le temps que je viens de faire! :)
Côté religieux, leur dieux étaient plutôt des "esprits" souvent représentés par des animaux, l'ours ou la chouette par exemple, n'ayant pas de "mauvais dieux" mais les associant plutôt à la maladie, aux catastrophes naturelles (tsunami ou tremblement de terre...). Bon, je vais m'arrêter ici pour mon cours d'histoire accéléré, car je ne suis pas devenue une experte en 1 jour! Je feuillette des carnets laissés par des scolaires venus comme moi en quête de savoir et qui ont laissé des petits mots et dessins, avant de me diriger de l'autre côté de la rue...
Car oui, c'est quand même mieux de pouvoir grouper deux visites en une le même jour, et en face il y a un super-magique-j'en-avais-pas-encore-fait-cette-année onsen! Et après avoir gambadé un peu partout pendant une semaine, la source d'eau chaude en plein air c'est quand même le top! Imaginez: le bassin extérieur à 40°C dans lequel vous vous enfoncez pour narguer la petite bruine, la vapeur qu'on n'arrive plus bien à distinguer de la brume dans les montagnes juste derrière, les muscles qui se relaxent... C'était juste gé-nial! Et j'ai même réussi à vous trouver une image sur internet :)
Mais aussi des bains en intérieur (35, 37, 39 et 40 degrés, sans oublier l'iceberg: celui à 17°C! Ma tête en rentrant dedans a fait rire quelques japonaises, elles, elles y allaient sans hésiter! Chapeau!), un hammam, un sauna,... Ahhhh et le yukata que j'ai pu revêtir pour aller manger sur un joli tatami aussi! Bon, et puis, j'ai eu une révélation... Il semblerait que j'aime bien le poisson cru maintenant, c'est très bizarre, ça doit être le contact prolongé avec la culture, ou alors le fait que ces sashimi soient d'extrêmement bonne qualité (et du coup, mon palais a des goûts de luxe!)... Quoi qu'il en soit, je me suis régalée avec ce saumon et thon (plus un dernier dont je n'ai absolument aucune idée de l'origine et qui avait encore ses écailles!). Et le serveur m'a pris en pitié et expliqué comment mélanger mes sauces pour ça et les tempura (beignets) de légumes et crevettes qui suivaient :)
Voilà comment mon voyage sur Hokkaido s'est fini, pour cette fois-ci et jusqu'à une prochaine, peut-être? Car j'ai l'impression de n'avoir pas fait la moitié de ce qui y est connu, je partais avec en tête de grandes vallées d'herbe avec des chevaux galopants, des lacs en bas de montagnes, du crabe et du maïs à profusion, et c'est tout autre chose que j'ai découvert :) Et puis, si le courage me prends, je pourrai même essayer d'y aller en hiver, où les paysages sont magnifiés par la neige? A suivre donc!
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