mardi 6 octobre 2015

La vie en vert :)

Ce jour devait arriver! Je cède et je découpe l'article en deux :) Loin de moi l'idée de me plaindre d'avoir vu trop de belles choses, décidément, Shikoku m'enchante! Et je n'ai plus que demain pour visiter puisque je repars jeudi matin, ça en fera donc plus à raconter, même si c'est depuis Tokyo ^^

Ce matin et par un grand soleil, je me suis rendue au jardin Ritsurin, au centre de Takamatsu. Renommé pour être l'un des plus beau jardin du pays, je n'ai pas été déçue! Sa construction a commence vers 1620 par le daimyo (seigneur féodal) qui régnait à l'époque sur Sanuki (l'ancien nom de Kagawa, la préfecture dans laquelle je suis et qui est la plus petite du Japon) et s'est étalée sur une centaine d'années. Jusqu'en 1870, il fut le jardin privé de la villa du daimyo et de ses descendants (11 générations tout de même) avant d'être fort heureusement ouvert au public. Je commence ma visite en déambulant à droite à gauche, c'est beaucoup plus grand que je ne le pensais! Je tombe sur un bâtiment qui abrite quelques décorations et ustensiles d'époque...




Mais c'est pour le jardin que je suis venue et je ressors bien vite profiter du soleil, des pins, des étangs, petits ponts et carpes qui m'attendent...





Arrivée à ce stade, un monsieur vient me parler, tout d'abord pour me demander si je voulais être prise en photo devant le pont, puis pour savoir d'où je venais, etc... Je surprends les gens quand je réponds avec mon petit niveau de japonais, mais en l'occurrence, j'ai bien fait! Mon nouvel ami était un des guides (bénévole!) du parc, et sur un coup de tête m'a proposé de me faire faire la visite :) J'ai donc tout un tas d'anecdotes à vous raconter grâce à monsieur Toyota, showman et orateur de première, ancien banquier reconverti et bilingue en anglais, amoureux de la nature et du sens caché des choses :) Car rien n'a vraiment été laissé au hasard dans la construction du jardin! Et grâce à lui, c'est un endroit plein de poésie que j'ai découvert :) 

On commence avec cet arbre, qui s'appelle "mari et femme", une rare sorte de pin, avec un mélange de deux troncs: un rouge aux épines douces (la femme) et l'autre noir aux épines fortes et piquantes (le mari)


On continue avec un rocher qui ressemble à un lion (le roi des animaux) regardant par dessus son épaule, vers une pierre en forme de pivoine (la reine des fleurs, que je n'ai pas eu le temps d'immortaliser tant j'étais absorbée par ses paroles!)


On arrive à une maison de thé, d'où l'on peut déguster un thé en faisant face à la montagne et à l'étang à ses pieds. "Le plafond est bas, de sorte que le visiteur ne puisse voir que du vert, la couleur qui signifie le calme dans le bouddhisme" m'explique monsieur Toyota, "mais ça ne suffit pas à atteindre la sérénitude, nous avons aussi besoin d'un bruit berçant, c'est pour cela qu'une cascade a été installée". Wahou, je me vois bien me calmer tous les jours ici! 


De l'autre côté de la maison de thé, un plus grand étang encore nous attend. Elle a d'ailleurs un nom: Kikugetsu-tei, qui provient d'un poème qu'un chinois avait fait lors d'une visite qui dirait à peu près: "Quand j’écope l'eau, je tiens la lune entre mes mains". L'histoire veut que le daimyo et ses invités se réunissaient ici pour se détendre et voir un spectacle No par exemple, et à la nuit tombée, lors des grosses pleines lunes (comme celle de la semaine dernière!) ils descendaient dans l'eau pour soulever les deux mains tendues le reflet de la lune, la laissant filer entre leurs doigts... C'est beau, j'aime beaucoup! Trois îlots se dressent devant elle, avec des érables pour le premier (verts puis rouges en automne), des pins pour le deuxième (qui perdurent à longueur d'année) et des azalées pour le dernier. Ainsi, à n'importe quelle époque de l'année, il y a de belles choses à admirer :)



Nous escaladons ensuite le mont Fuji (c'est du moins le nom de la petite colline qui nous donne un point de vue parfait sur l'étang qu'on vient de passer) et Toyota-san me montre un rocher qu'il a découvert, et qui n'est indiqué dans aucun guide, il faut se mettre accroupi pour le voir car il se cache sous des pins, et il prend la forme d'un corbeau. On voit les deux yeux froncés et la pierre de devant forme le bec. En gros, c'est un Karasu Tengu, une divinité aux allures de corbeau, et c'est marrant parce que c'est justement celle associée au mont Fuji :) Je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à voir des animaux ou en tout cas plus loin que la simple forme de l'objet présent sous mes yeux, et mon compagnon regorge d'imagination!


On a presque fini le tour en arrivant en face du lieu où l'on s'est rencontrés :


Mais avant de me laisser aller à ma prochaine destination, j'ai droit à un petit cours d'évaluation de bonzai. Car la plupart des pins qu'on a croisé en sont, visiblement! Et un des visiteurs de monsieur Toyota se trouvait être un jardinier spécialiste des bonzais, il lui a appris les 3 points principaux dans leur notation. 1) le tronc: il doit être fort et avec des écorces séparées par des rainures profondes, 2) le rayonnement, plus il y a de branches et mieux c'est, 3) l'équilibre et l'harmonie générale... C'est assez dur à traduire, d'autant que je ne suis pas sûre d'avoir tous les termes exacts! En tout cas, l'exemple parfait est le suivant qui a aussi un nom: Tsurukame-matsu, représentant une grue qui prend son envol sur le dos d'une tortue :)


J'ai encore d'autres anecdotes mais je crois qu'on est déjà bien, là! Pour finir donc, les 2-3 photos qui sont passées à côté de tout ça. Et moi, avec du vert plein les yeux et encore une rencontre magique en souvenir, je peux enfin aller dormir! (Takamatsu, c'est du sport! Vous verrez demain si tout va bien)



1 commentaire:

  1. La magie des voyages : voir des lieux superbes et rencontrer des gens passionnants!!

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